Joyeux Noël
Un film de Christian Carion
Avec Guillaume Canet, Daniel Brühl, Dany Boon, Gary Lewis,
Diane Krüger, Benno Fürmann,
Bernard Le Coq, Lucas Belvaux, Alex Ferns…
Joyeux Noël s’inspire de faits historiques : la fraternisation de soldats allemands, français, écossais, la veille de Noël 1914. Des faits rares et pour la plupart ayant été passés sous silence par les diverses armées, pour des raisons évidentes. Plus de 90 ans après les faits, Christian Carion, qui porte le projet en lui depuis longtemps, met donc en scène un film humaniste et pacifiste.
Sur le front de 1914, dans cette guerre qui ne doit dure que quelques mois, des hommes, français, allemands, écossais, se battent sur le front du nord de la France. La veille de Noël, alors que les fusils se sont tus, un cessez-le-feu improvisé, inopiné, voit le jour grâce à un soldat allemand qui décide de chanter entre les tranchées. Les soldats sortent tous petit à petit de leurs tranchées respectives et rencontrent leurs « ennemis », ces hommes comme eux, perdus sur le champ de guerre, loin de leurs épouses, de leurs enfants, de leur famille.
Partagés entre leur devoir de soldat et leur humanité, les lieutenants des trois corps présents décident de prolonger cette trêve et de se protéger les uns les autres. Entre découverte de l’autre, de cet « ennemi » invisible et moments incroyables, ils vont partager ensemble beaucoup qu’ils n’ont partagé jusqu’ici en se combattant.
On sent l’amour de Carion pour ses personnages, pour cette histoire, une page de notre Histoire commune. Et en portant ce projet, il nous donne l’opportunité de découvrir cette page d’Histoire peu connue.
Carion a souhaité réaliser un grand film, et le résultat se voit à l’écran. Les scènes de combats sont très réussies, ainsi que la reconstitution des tranchées et du no man’s land. Il peut aussi compter sur la présence de très bons comédiens, Daniel Brühl (jouant notamment aussi en français), Guillaume Canet, encore Gary Lewis, sans oublier Diane Krüger, Benno Fürmann (le plus émouvant) ou encore Alex Ferns.
Joyeux Noël est un film qui joue énormément sur la corde de l’émotion, avec cornemuses, poignées de main, regards complices et cérémonie religieuse.
Malheureusement, à trop asséner son message pacifiste et humaniste, Carion perd l’essence même de l’histoire : son émotion.
Car au final Carion n’apporte pas grand-chose. L’histoire a pourtant des espoirs solides.
A un moment de la guerre, les hommes ont baissé les canons de leurs fusils, se sont regardés et se sont arrêtés de tuer. Lorsque les hommes qui font la guerre s’arrêtent, alors ceux qui la commandent prennent conscience d’une certaine absurdité.
Ce message de paix est par trop asséné et malgré la bonne volonté de Carion et son amour pour cette histoire, sa réalisation est un peu vaine.
Il en reste un film qui, sans être forcément superflu et inutile, ne restera pas dans les anales du cinéma.
On peut toutefois reconnaître à Carion un bon sens du cadre et une réalisation efficace, qui marque, après Une hirondelle a fait le printemps, ses progrès de cinéaste.
A voir pour le casting et l’Histoire.
Arnaud Meunier
12/11/2005